20 ans de recensement des oiseaux de jardin : quel bilan ?

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mésange charbonnière
Pexels (phil mitchell)
Chaque hiver, Natagora invite les citoyens à recenser les oiseaux de jardin. En 2023, 14902 participants se sont à nouveau mobilisés pour encoder leurs résultats dans plus de 10 000 jardins. L’analyse effectuée à l'occasion du 20ème anniversaire de cette opération révèle que de nombreuses espèces sont en expansion.

Des résultats significatifs ont pu être obtenus pour 55 espèces, ce qui permet de connaitre l'évolution d'une belle proportion des oiseaux présents chez nous en hiver : 28 espèces sont en expansion, 17 en régression et 10 sont stables. La diversité en espèces observées dans les jardins augmente au cours des 20 ans, les jardins devenant des refuges vu que les milieux environnants s'appauvrissent.

Une très bonne qualité des données recueillies

Les données globales sont impressionnantes : plus de 6,3 millions d'oiseaux ont été observés et plus de 147 000 recensements, répartis dans toutes les communes de Wallonie (262) et de Bruxelles (19). La couverture du territoire est donc très bonne.

La qualité des données envoyées par les participants est également au rendez-vous : les erreurs d'identification sont relativement peu fréquentes et les données sont cohérentes d'une année à l'autre. Les résultats sont également cohérents avec ce qui est observé ailleurs en Europe.

Une grande constance dans l'avifaune de proximité

Au cours des 20 années d'opération, 9 espèces ont figuré chaque année dans les données, témoignant de beaucoup de constance dans la composition de l'avifaune de proximité.

  • Le grand gagnant est le merle noir (1re espèce en nombre de données), qui dépasse largement la barre des 120.000 données et qui est le champion de l'adaptation à ce "nouveau milieu" que constituent les jardins.
  • La mésange charbonnière et la mésange bleue sont également omniprésentes. La première est stable et la seconde en très légère régression. Si elles profitent du nourrissage hivernal, toutes deux dépendent de chenilles pour nourrir leurs jeunes au printemps..; Pour les aider tout au long de leur cycle, il est important d'avoir des jardins bien diversifiés dans lesquels ne sont pas utilisés de pesticides !
  • Le rougegorge est stable et très bien suivi par l'opération, car facile à détecter et à identifier. C'est une espèce très territoriale, même en hiver, ce qui explique qu'il n'y en ait jamais de grands nombres dans les jardins.
  • Deux espèces de corvidés sont aussi présentes chaque année  : la corneille noire et la pie bavarde,  toutes deux en très légère expansion sur les 20 ans. Les grandes pelouses bien tondues sont particulièrement attractives pour elles, contrairement aux zones d'herbes hautes et de buissons.
  • Le moineau domestique décline régulièrement dans l'échantillonnage de jardins au cours de toute la période, sa fréquence diminue de 0,5% par an en moyenne. Les causes de diminution de cette espèce, également en régression au niveau européen, restent encore mal connues et pourraient dépendre des situations locales : architecture moderne offrant moins d'opportunités pour la nidification, phénomènes sanitaires...
  • Le pinson des arbres est stable au cours de la période. Tout comme le verdier d'Europe, il s'agit d'une espèce très sensible à la propagation des maladies via les mangeoires (trichomonose, salmonellose).
  • Deux colombidés sont très régulièrement observés : la tourterelle turque , dont la fréquence diminue au cours de la période, et le pigeon ramier qui lui est de plus en plus présent.

L'ensemble des résultats sont consultables en ligne sur le site de Natagora.